Je t'ouvrirai grand mon cœur, mais pas trop quand même (on ne sait jamais ce qui peut entrer.) c'est tellement plus facile d'ouvrir les bras, d'autant qu’on finit toujours par les refermer – et qu’il faut bien les rouvrir à un moment ou à un autre. le cœur c'est une vanne qui peut se coincer, un flot terrible s’en échapper, au risque

J'ai fait ma part, j'ai accompagné, d'amour ou d'amitié. j'ai tendu les bras, une veste, un mouchoir, j'ai écouté couler les larmes, épanché des chagrins, des peines incommensurables. j'ai prêté mon oreille et ma parole d'un ton neutre, présente, mots choisis, sortis pour éponger les vivants. j'ai gardé pour moi l'angoisse des nuits somb

Voilà que se croisent des pages tournées et des mots dans nos rêves assassinés tandis que dorment en riant tes yeux comme des lettes a l'orée des forêts d'absence un taffetas de feuilles cachées flambe dans l'essence des arbres

Retiens un peu de temps sur nous, retiens l’espace empli du parfum de tes pierres brunes qui se cherchent sans jamais me trouver. retiens cet instant de grâce, volé à l’après-midi, à ces quatre murs à l’odeur de neuf, encastrés dans des rues vert-de-gris, ce temps volé aux fenêtres aux mille nuances ouvertes à deux battants sur un m

Je me suis remis au travail. j'ai pris une grande règle et j'ai tiré un trait sur tout ça. et j'ai tout recommencé. ré-ouvert le chantier en reprenant tout depuis le début. je ne savais pas comment te parler ni à qui m'adresser. tu, vous, il ? je pense que je n'ai jamais su parler, d'ailleurs. on me disait : « sois raisonnable » et j'en av

Les mots qu'on n'a pas pu dire les promesses qu'on n'a pas pu tenir les virages qu'on n'a pas vu venir les signes qu'on n'a pas pu déchiffrer les sentiments qu'on n'a pas pu cacher les larmes qu'on n'a pas pu éviter ces méandres c'est ma vie c'est mon sang

La pluie froide tombe en paquets en cataractes indésirables objets de nos souvenirs la vie fuite dans des filtres impénétrables alternance de saisons irrespirables et de noms ajoutés ajourée la nuit nous tend ses bras

Tu avais peur que la vague nous submerge dans la rue aux toits crevés les maisons immuables attendent acceptent leur destin incertain comme nous tous ces jours tièdes souvent nous nous réveillons avec la gorge sèche et un goût d'eau de mer dans la bouche devant nous court notre avenir hésitant comme j'aimerais revoir la mer et la respirer

Je me suis chargé de silence. j'ai tant appris de moi-même que je me suis guéri de l'angoisse des nuits. l'avalanche des mots a cautérisé mes blessures, et j'ai appris à maîtriser la terre, les éléments du cosmos, la peur du vide. chaque touche de parole que j'ai appris à décoder m'a tant apporté : j'avais le remède en moi.

Je suis indestructible. je plie mais ne romps pas. j'ai tourné le dos au vent et suis parti sans un regard en arrière. ici réside ma force. le printemps est arrivé après qu'on ait pompé toute ma moelle. la sève revient toujours. chaque herbe a sa goutte de rosée. il ne faut pas craindre d'avancer, seulement de s'arrêter : j'avais déjà l'