Pascal Sombardier
Bien qu’ayant arpenté la montagne dès 11 ans (avec l’aumônier du lycée Champollion de Grenoble, moi qui suis devenu le pire des mécréants !), mes premières vraies expériences techniques se sont déroulées sous terre avec les spéléos du CAF de Grenoble. En 1976, avec Frédéric Poggia, j’ai réalisé la première descente/remontée sur corde de la Provatina en Grèce, plus grand puits d’Europe (400 mètres de verticale avec un seul spit de 8 comme amarrage...).
Le manque de soleil m’a rapidement redirigé vers l’escalade et l’alpinisme. Ce fut l’occasion d’ouvrir des voies dans les massifs de la Chartreuse (dont “Les mendiants de miracle” au Grand Manti), du Vercors (dont “Devil’s Hooks” à Presles), du Dévoluy (“Vendange Tardive” à l’Obiou), du Mont-Blanc (“voie Marylène” à la pointe Lachenal) et des Écrins (“goulotte Émeraude” à l’Ailefroide). C’est dans ce dernier massif que furent gravies les premières cascades de glace par notre équipe de Grenoblois. L’aventure s’est terminée par un drame lors du tournage d’un film pour “Les Carnets de l'aventure”, une partie du team logistique ayant été emportée par une avalanche. À cette époque, j’avais également réalisé dans ce massif quelques hivernales comme le couloir de Tombe-Murée en solitaire, ou la romantique “Raie des Fesses” au pic Sans Nom avec Bruno Douillet, qui deviendra guide... et mon beau-frère. Cette même année 1980, Bruno Douillet, Jean-Marc Lang et moi réalisions la première de la face SW de la Santa Cruz (6259 m) au Pérou, où réside désormais le bout de mon orteil gelé.
En 1982, je rencontre Roger Fillon, pionnier du parapente en haute montagne et, séduit par les possibilités qu’offre cette nouvelle discipline, je me mets à voler (la finesse à l’époque est de 1,5...). Je lui propose de se joindre à notre expédition à l’éperon SW du Jannu (7710 m) dirigée par Henri Sigayret. Le sommet sera atteint, mais, en raison d’un vent violent, Roger ne pourra pas réaliser ce qui aurait pu être le premier vol en Himalaya.
Auparavant, en 1978, Montagnes Magazine a été créé à Grenoble et j’ai saisi l’opportunité d’y participer en écrivant de nombreux articles avant d’en devenir le rédacteur-en-chef. En 1988, je bifurque vers l'édition. La direction de Glénat-livres reste une expérience enrichissante, mais stressante, au cours de laquelle je supervise un ouvrage encyclopédique en collaboration avec les éditeurs de six pays étrangers, dont le Japon : "Les plus belles montagnes du monde" (1990, primé au festival d’Antibes).
Quelque temps après, je choisis d’animer le secteur montagne du même
éditeur de manière indépendante. Durant les 25 années suivantes, Montagne-Randonnée et Rando-Évasion sont devenues les collections les plus importantes dans leur domaine.
Cet aménagement plus souple de mon temps de travail m’a permis de voyager un peu plus, avec un goût prononcé pour les déserts (Sahara, Namibie, Jordanie, USA...), mais surtout de réaliser moi-même une trentaine d’ouvrages en tant qu'auteur et photographe. Beaucoup résultent de l'exploration de secteurs peu connus et présentent des itinéraires sauvages, parfois engagés et techniques, où la randonnée flirte avec la spéléologie et l'alpinisme. Certains sont devenus des best-sellers et ont développé de nouvelles activités, comme la recherche de parcours escarpés, de vires ou d’arches. En 20 ans, plusieurs centaines de ces dernières ont été recensées ou découvertes par nos équipes d’arch hunters (350 rien que dans le Vercors).
Parmi mes ouvrages, je citerai pêle-mêle "Les randonnées du vertige" (2003), "Chartreuse inédite" (2006), “Trièves-Dévoluy” (2005 et 2014), "Vercors secret" (2016)... "Dolomites, les plus belles via ferrata" a obtenu le prix du livre sportif 1999 et a été traduit en cinq langues.
Mon dernier livre parle du massif des Écrins à l’occasion de l’opération de valorisation des “villages d’alpinisme” initiée en 2022, mais c’est surtout sur mon blog “pascal-sombardier.com” que je m’exprime désormais en entretenant mes vieilles passions ou en en partageant de nouvelles, comme la Sardaigne.