Tout sur la musique de chambre : historique, définition, exemples
La "musique de chambre" est une forme de musique classique interprétée par un nombre réduit de musiciens et d’instruments, et initialement écrite pour être jouée devant un public limité, dans des pièces peu spacieuses. Rendu populaire par Haydn, Mozart et Beethoven, ce style de composition est passé par de nombreux stades d'évolution au fil des siècles, en fonction des modes et des époques.
Origines de la musique de chambre
À l’origine du genre de la musique de chambre se trouvent de nombreux courants musicaux ayant en commun le nombre réduit d’instruments nécessaires à leur interprétation. Jusqu’à la période baroque, cependant, les morceaux composés (sonates et autres fugues) l’étaient souvent pour des instruments interchangeables, et pouvaient facilement être transposés pour accommoder des orchestres symphoniques (par exemple, l’art de la fugue, de Bach), à l’identique, la musique de chambre baroque avait principalement recours au contre-point, chaque instrument jouant tour à tour les mêmes mélodies. Au dix-huitième siècle, cependant, la musique de chambre acquiert une structure et un style de composition à part entière, notamment grâce au travail de Joseph Haydn, le père du quatuor à cordes. Au travers de plusieurs centaines de compositions, Haydn impose ainsi une musique de chambre dans laquelle les instruments se répondent et interagissent, à contrario du contre-point.
Âge d'or de la musique de chambre
Cette conversation musicale se déroule généralement en quatre mouvements : après une ouverture sous forme de sonate, le morceau devient un adagio, puis se transforme en menuet/scherzo, avant de se conclure par un rondo rapide. C’est sur cette structure forte que s’appuie rapidement Wolfgang Amadeus Mozart, ami et protégé de Haydn, pour créer certaines des œuvres les plus marquantes du genre musique de chambre (par exemple les Quatuors dédiés à Haydn). Étendant la musique de chambre au piano et à la clarinette, Mozart innove, et s’essaie à des combinaisons d’instruments et de sons audacieuses. De quoi un peu éclipser les travaux d’autres compositeurs de l’époque, comme Boccherini.
Bouleversements en tous genres
Avec l’arrivée du XIXème siècle et l’avènement du piano comme instrument dominant, la musique de chambre connaît des bouleversements de taille. Beethoven introduit à son tour des variations stylistiques révolutionnaires dans le genre, et en change la structure, en décuplant notamment la complexité d’interprétation (les quatuors Razumovsky). Puis arrive Schubert, qui mène le genre dans une direction romantique, bientôt suivi par Mendessohn, qui introduit un élément thématique cyclique à son travail, élément repris par Robert Schumann, qui réintègre par ailleurs le contre-point à sa musique de chambre. Le XIXème siècle voit la démocratisation de la musique de chambre, qui revient à la mode, malgré la popularité des récitals solistes de Chopin et Listz. De nombreux quartets amateurs et professionnels se créent ainsi, et Johannes Brahms perpétue la tradition du romantisme classique au travers de ses compositions innovantes, tant d'un point de vue harmonique que structurel (par exemple, dans son Deuxième sextuor à cordes, opus 36). Avec le Quatuor à Cordes de Debussy (1893), cependant, la musique de chambre se débarrasse de son carcan classique, pour adopter une approche plus impressionniste : le style connaît une révolution, et ses compositeurs s’éparpillent, à la recherche de structure et d'originalité. Bartok, Stravinsky, Vaughan Williams ou encore Britten se tournent vers la musique populaire et folk pour l’intégrer à leurs compositions, Schoenberg donne naissance à la musique sérielle, basée sur une suite de notes précalculées. En réaction, certains compositeurs comme Hindemith et Shostakovicth retournent alors aux fondamentaux du genre, retrouvant les structures et la stabilité de la musique de chambre historique.