Géopolitique de l’eau : la Turquie et le Moyen-Orient
A l’est de la Turquie, au nord de la Syrie et de l’Irak, nous avons l’Anatolie turque qui est une région de montagnes. Ce château d’eau forme 2 grands fleuves, le Tigre, d’un côté, et l’Euphrate de l’autre, qui se rencontrent dans un long estuaire : le Chott-el-Arab. Ce sont les sources de vie de la région.
Le problème en Turquie : la minorité kurde, musulmane, mais non arabe, estime être l’héritière des anciens Mèdes. En outre, les Kurdes n’ont pas de nation, n’ont pas d’Etat. On a, au lendemain de la Première Guerre mondiale, voulu créer un Kurdistan, mais c’est un des rares peuples à ne pas avoir bénéficié d'un État. Le peuple kurde est réparti entre Irak, Iran, et Turquie. Cependant, aucun de ces États ne veut la création d’un Kurdistan. L’Iran et l’Irak soutiennent la Turquie dans son intransigeance face aux Kurdes. Pour que les Kurdes puissent se sentir turques, il faut bien qu’ils puissent vivre. Toutefois, en Anatolie, ils ne peuvent que faire de l’agriculture. Il faut, alors, leur donner de l’eau. Ainsi, la Turquie a-t-elle développé un Grand Projet anatolien, fondé sur de puissants barrages sur le Tigre et l’Euphrate, qui retiennent une grande partie de l’eau de ces fleuves. Quand on a mis en eau le barrage Ataturk, l’Euphrate a cessé de couler, pendant un mois, en Syrie. Par conséquent, on a failli avoir une guerre. L’URSS, qui existait encore, a calmé le jeu, mais on a un cas d’école extrêmement grave. La Turquie pense maintenant créer des réserves d’eau sur la côte, pour commercialiser l’eau. Elle refuse le statut de fleuve navigable, car la liberté d’établir des barrages serait beaucoup moins grande. On a là un vrai problème géopolitique, dans des pays où l’eau est extrêmement rare et extrêmement précieuse.