Eustache Le Sueur : biographie du peintre et œuvres majeures
Eustache Le Sueur est un peintre majeur du classicisme français, au côté de Poussin et Le Brun. Né à Paris en 1616, il meurt en 1655 à l’âge de 38 ans, mais sa manière a déjà atteint une grande maturité. Son parcours esthétique va de la peinture voluptueuse et colorée du baroque vers une recherche de simplicité et d’harmonie dépouillée. On le surnomme le «Raphaël français» ou encore «le peintre des passions douces».
L'apprentissage
Eustache Le Sueur entre à l’âge de 16 ans dans l’atelier de Simon Vouet, premier peintre du roi Louis XIII, où il reçoit sa formation de peintre et décorateur. Vouet est l’initiateur du baroque en France et son atelier était l’un des plus florissants de la capitale. Le jeune Le Sueur réalise ses premières œuvres d’après les dessins de Vouet (le Songe de Polyphile). Tout en traitant ses sujets avec la sensualité et le raffinement du baroque, il introduit progressivement plus de sobriété et de rigueur. Ses tableaux sont inspirés de la mythologie (Vénus endormie et l’Amour), de l’histoire (Coriolan), et de la Bible (Amnon et Thamar). Il peint aussi des scènes religieuses (Sainte-Famille, Vierge à l’enfant), et des portraits (Réunion d’amis).
Le style sévère
En 1644, Le Sueur est reçu maître dans sa corporation. L’influence de Raphaël se fait plus nette à travers la composition très soignée, l’observation de la perspective, les drapés et les gestuelles nobles de ses personnages. À partir de 1645, il reçoit de nombreuses commandes : 22 tableaux sur la vie de Saint-Bruno pour le cloître de la Chartreuse de Paris, et décors pour de riches demeures parisiennes. Il réalise des compositions monumentales pour des ordres religieux (Adoration des Mages, Saint Sébastien soigné par Irène,Allégorie d’un ministre parfait, Messe de Saint Martin). Sa manière acquiert beaucoup d’élégance et de retenue. Les couleurs et les lumières deviennent très sensibles. Les dernières années de sa vie, Eustache Le Sueur est un peintre très apprécié et recherché. Il est en 1648 un des membres fondateurs de l’Académie royale de peinture et de sculpture présidée par Le Brun. Il travaille à la rénovation du Louvre et réalise plusieurs allégories pour les appartements de Anne d’Autriche et la chambre du jeune Louis XIV.
La postérité
Le Sueur fut injustement «oublié» au XIXe siècle, mais son travail a influencé nombre de grands peintres comme Ingres, Girodet, Puvis de Chavannes et Maurice Denis. Son œuvre a été «redécouverte» à la fin du XXe siècle, couronnée par une grande exposition au Musée de Grenoble en 2000.