Douanier Rousseau : biographie
Petit employé à l'Octroi et artiste amateur, Henri Julien Felix Rousseau surnommé le Douanier ne sera réellement reconnu pour son art que bien longtemps après sa mort. Associé aux naïfs de la fin du XIXème siècle, ses oeuvres préfigurent le surréalisme et auraient même inspiré Picasso ou Braque.
Premiers pas
Né à Laval le 21 mai 1844, sa vie semble insignifiante. Il fut employé dans l'étude d'un avoué, clerc chez un huissier, puis commis de deuxième classe à l'octroi de Paris en 1871 (on lui payait les taxes sur les marchandises). Il peignait alors à ses heures perdues, souvent le dimanche. Autodidacte, il s'exerça en copiant les tableaux exposés au Louvre dès 1884. Il est introduit par Paul Signac en 1886 au salon des indépendants. Il y sera exposé tous les ans jusqu'à sa mort en 1910, excepté en 1899 et 1900. Rapidement investi dans son art, il décida de prendre sa retraite proportionnelle en 1893, afin de consacrer plus de temps à sa passion. Sa retraite étant maigre, il recevait des élèves auxquels il enseignait le solfège. Parfois même, il allait jusqu'à jouer du violon aux carrefours le soir.
Sa carrière
Le hasard veut que ce soit Alfred Jarry qui introduisit Rousseau dans le milieu artistique : en lui présentant Guillaume Apollinaire, qui le présenta à son tour à Picasso. Il rencontra ce dernier dans l'atelier du Bateau-lavoir en 1908. Le douanier Rousseau avait alors 64 ans, et Picasso 27. Le peintre espagnol était tombé en extase de portrait de femme (1885) trouvé aux puces. La candeur merveilleuse de ses toiles et l'aspect primitif charmèrent Picasso. En 1907, il fut mêlé à une affaire de faux et d'usage de faux. Sa condamnation, en 1909 sera légère pour l'époque : elle le conduira à la Santé et lui vaudra de la prison avec sursis et une amende. Il meurt d'une gangrène et sera enterré le 4 septembre 1910 en fosse commune.
Les oeuvres de Rousseau
Il se déclarait peintre de la nature. C'est l'un des thèmes principaux de son art. Il expose son premier tableau Jungle en 1891. Les critiques sont unanimes : ils font de Rousseau peintre un niais. Et pourtant, le meilleur de son talent s'inscrit dans cette jungle. Il puise son exotisme dans ses visites au jardin des plantes et dans les pages de magazines. Personnage rusé, il fit croire que les scènes provenaient de voyages au Mexique. Les tableaux les plus marquants sont Le repas du lion 1907, ou Le rêve 1910. Dans ces toiles, la luxuriance des végétaux est disproportionnée, irréelle et c'est en cela que Rousseau inspirera les grands maîtres surréalistes.