Quelle est l'histoire de Jean-François de la Barre ?
Jean-François de la Barre, dit le Chevalier de la Barre, fut un homme du XVIIIe siècle, exécuté au nom de l'intolérance religieuse. L'affaire fit en effet grand bruit à l'époque, et mêmes les philosophes des Lumières s'y mêlèrent. Une statue le représentant peut être encore aujourd'hui visitée à Montmartre. Voici son histoire.
Le début de l'affaire
Jean-François de la Barre, déjà chevalier à 16 ans (en 1762), dû vivre chez sa tante, à Abbeville, avec son frère, suite à la ruine provoquée par son propre père qui avait hérité lui-même de son père d'une grande fortune. L'affaire débuta suite à la dégradation de la statue du Christ située sur le pont neuf d'Abbeville, en 1765. En effet, la statue avait été tailladée au niveau de l'estomac et sur la jambe droite. Les habitants y voient un sacrilège impardonnable. L'enquête est effectuée par un prétendant de la tante de la Barre, le lieutenant du tribunal d'élection de Belleval, et par le lieutenant de police d'Abbeville. L'un est donc un rejeté de la famille de la Barre, et l'autre, un homme qui n'hésite pas à s'acharner sur des innocents en prétextant de fausses accusations. Suite à plusieurs intimidations, des jeunes gens dénoncent le chevalier de la Barre, et une perquisition est faite au domicile. Trois livres interdits seront découverts (il y avait le dictionnaire philosophique de Voltaire parmi eux).
L'arrestation, l'exécution et l'engagement des Lumières
Pensant être épargné grâce à ses relations et à sa lignée, Jean-François de la Barre ne s'enfuit pas. Il est cependant arrêté le 1er octobre 1965 à Longvilliers.
D'abord, on le condamne aux galères, puis à la mort, malgré une défense extraordinaire de son avocat.
On demande la grâce au roi Louis XV, mais celui-ci, fort peu convaincu, ne l'accorde pas.
Sa sentence pour blasphème est la suivante : il est condamné à la torture, à avoir le poing et la langue coupés, et à être ensuite décapité, puis brûlé, avec clouté sur le torse l'exemplaire de Voltaire retrouvé chez lui.
Voltaire se sent donc attaqué par cette exécution injuste, et rédige de là où il loge (en Suisse, d'où ne peut l'atteindre la justice française) "Le Cri d’un sang innocent et Relation de la mort du chevalier de La Barre à Monsieur le marquis de Beccaria".
Il réussit donc à faire innocenter, et à faire fuir les deux jeunes gens qui avaient dénoncé la Barre aux deux lieutenants.
Par la suite, on put prouver que le chevalier était innocent, mais il était déjà trop tard.