Les colonnes de Buren : ce qu'il faut savoir
C’est sous la présidence de François Mitterrand que Jack Lang, ministre de la Culture, confie en 1985 la réalisation d’une œuvre artistique à Daniel Buren en lieu et place de la cour d’honneur du Palais Royal qui servait de parking aux fonctionnaires du Conseil d’État. Le défi était à la hauteur de la réputation de l’artiste, plus de 3000m◊ à investir. Ce fut le début de l’histoire et de la polémique des "Colonnes de Buren" dont le titre exact est "Les Deux Plateaux".
L’œuvre
Avec l’aide de l’architecte Patrick Bouchain, Buren a conçu son œuvre comme un espace urbain à l’intérieur duquel le public circulerait. Sa création se caractérise par un alignement de 260 colonnes inégales en hauteur, réalisées en marbre blanc avec des rayures noires. La construction s’établit sur deux plans, un supérieur sur caillebotis qui reprend la cour et organise la circulation des piétons, et l’autre en souterrain avec un plan d’eau et une fontaine, en effet miroir. L’insertion de l’œuvre se fait dans l’environnement plus classique du Palais Royal et offre ainsi une rupture avec la modernité de l’œuvre de Buren.
La polémique
La radicalité du projet provoque un tollé général dans les milieux politiques et artistiques, rejoignant en cela une tradition française : la Tour Eiffel en 1889, le Centre Pompidou en 1977 et la pyramide de Pei dans la cour du Louvre. Tous ont en commun l’irruption de l’art moderne dans un environnement architectural classique. Les quatre tours de Jean Nouvel pour la réalisation de la nouvelle Bibliothèque nationale de France ont aussi été la source d’une importante polémique. Les colonnes de Buren ont suscité pas moins de 225 articles dans 45 journaux, de nombreuses pétitions, de questions au gouvernement au Parlement, de recours en justice. Jacques Chirac, assuré de cette opposition, prend en tant que maire de Paris un arrêt municipal suspendant les travaux. Il s’en suit un long contentieux dans lequel Buren va faire falloir le droit moral de l’artiste sur son œuvre. Il gagnera (1992) et la justice va contraindre le successeur de jack Lang rue de Valois, François Léotard à terminer les travaux.
La colère de Daniel Buren
L’œuvre (elle sera classée monument historique), très fréquentée, va mal vieillir. L’alimentation du plateau souterrain va cesser en 2000, l’espace va être rapidement pollué et dégradé, alors qu’il est une composante majeure de l’œuvre. L’artiste manifeste publiquement son indignation face au laisser-aller de l’État en décembre 2007 et va jusqu’à menacer d’en demander la destruction. Il finira par avoir gain de cause, un vaste chantier est engagé par le Ministère qui inclut la rénovation des colonnes de Buren pour un montant de 5,8 millions d’euros.