Analyse et critique du film Zorba le grec
"Quel genre d’homme es-tu, même les dauphins ne te plaisent pas", après un coup de tabac sur un ferry reliant la Crête, Antony Quinn (Zorba) rétorque au manque d'élan d'Alan Bates (Basil). Zorba est le pousse au crime (version ouzo) de Basil, mais il lui donne la force d’apprécier l’infortune par musique interposée. " Zorba le grec" de Michael Cacoyannis est un conte réaliste dans lequel la désillusion balance entre le chemin de la réussite et la dérision de perdre.
"L'homme doit avoir la folie"
La voiture qui emmène Zorba et Basil au village est immatriculée 164. Hasard ou hommage de la date de tournage, 1964. Un parapluie noir est le symbole du lien ombrageux entre Basil et Irène Papas ("Z", "Les troyennes", "Le Christ s‘est arrêté à Eboli", "Noces des sangs", "Capitaine Corelli").
"Monsieur, madame Hortense n’a pas de punaises" est une des répliques qui a permis à Lila Kedrova de décrocher un oscar. Entre Sunset Boulevard et nuit d’ivresse, elle offre une séquence d’introduction aux lieux entre pathétisme et naufrage de vie avec le souvenir de trois amiraux français, italien et russe.
"Patron, as-tu vu déjà un plus grand désastre?"
"Patron, tu sais danser ?" tel un derviche tourneur, Zorba entre en extase. Après le malheur, l’envie de continuer et de pousser, l’aventure crée le Sirtaki, composante essentielle du mythe de Zorba orchestré par Mikis Théodorakis.
Réexploiter une mine est l’œuvre à accomplir, Basil qui se veut écrivain, en est l’héritier et Zorba apporte souffle et force au projet. L’action n’est pas aisée, la catastrophe n’est pas loin, comme aime le dire lui-même Quinn.
Qu’importe, après l’effondrement des galeries, il trouve un moyen de continuer, construire un téléphérique à ciel ouvert, l’espoir renaît… sur fond de dialogues sur les vains conflits entre les Grecs et les Turcs.
Nous sommes à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, Katzanzakis a écrit "Alexis Zorba" en 1946. Même le soir de Noël est empreint de désillusions, souvenirs de Souleyman Pacha, d’Alexandrie et de Beyrouth pour madame Hortense.
"Apprends moi à danser"
Zorba est une page d’histoire, les figurants sont réels, les lieux ne sont pas apprêtés, Fellini n’est pas loin en moins carton pâte. Basil est furieux des nouvelles de la ville de Zorba. Ses frasques ne lui plaisent pas, mais il ne peut dire la vérité à Bouboulina (Hortense).
Basil lui ment et lui assure la confiance de Zorba, comme pour mieux conquérir Irène Papas, ce qui va faire monter la colère meurtrière des villageois, on ne s‘éprend pas impunément d‘une veuve.
Antony Quinn, après "Viva Zapata", "Lawrence d’Arabie", "La Strada" et parmi d’autres compositions majeures, tient ce rôle avec une personnalité étonnante, à revoir en ces temps de déprimes économiques et sociales.